Daniel Erdmann + Dave Douglas Quartet

Longtemps, Daniel Erdmann a vécu une double vie musicale, un pied dans la scène française, l’autre du côté de son Allemagne natale. Mais voilà qu’il se décide à jeter un pont par-dessus le Rhin, se donnant pour objectif rien moins que la réconciliation par la musique du fameux couple franco-allemand. Il fallait bien un sextette pour cette mission de choc, et pas question de lésiner sur les talents ! Outre ses fidèles complices, Vincent Courtois et Théo Ceccaldi, le saxophoniste a ouvert sa musique à des vents nouveaux, recrutant la clarinettiste Hélène Duret ainsi qu’une rythmique constituée de deux étoiles montantes de la scène de Leipzig, Robert Lucaciu et Eva Klesse. Avec cette combinaison sans instrument harmonique, mais riche en textures et en couleurs, tout semble possible, des climats chambristes jusqu’aux embardées les plus sauvages. Ajoutez-y le jeu de ténor tendre et rugueux du leader, et c’est bien le diable si Paris et Berlin ne repartent pour une nouvelle lune de miel !

Si le parcours de Dave Douglas est jalonné de quelques fidélités indéfectibles – John Zorn, Joe Lovano… –, l’intrépide trompettiste a aussi toujours aimé se réinventer au contact de nouveaux musiciens. La preuve avec ce quartette tout neuf : d’un côté, l’immense Joey Baron à la batterie, ami de trente ans et compagnon de route au sein de formations aussi emblématiques que Masada ou Sound Prints ; de l’autre, deux recrues de fraîche date, fiers représentants d’une nouvelle génération à la créativité bouillonnante. Place donc au brillant contrebassiste new-yorkais Nick Dunston, qui n’a pas son pareil pour faire groover l’avant-garde la plus pointue, ainsi qu’à l’iconoclaste pianiste polonaise (et néerlandaise d’adoption) Marta Warelis. Gageons que le jeu plein de scories et de reliefs de cette dernière constituera l’indispensable grain de sable qui fera doucement dérailler le son du groupe vers des horizons inexplorés, en nous emportant immanquablement au passage.